Culture scientifique technique et industrielle,


Sensibiliser les plus jeunes au changement climatique et à la biodiversité : retour sur la Fête de la Science à la BU

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? l’occasion de la Fête de la Science, la BU Sciences de l’Université Lyon 1 a con?u l’exposition ? Espèces de climat ?. Pour l’accompagner deux ateliers de sensibilisation au changement climatique et la biodiversité animale étaient proposés au public scolaire et aux familles : retour en images et en témoignages.

En complément de l’exposition ? Espèces de climat ?, à voir jusqu’au 2 janvier 2022, plusieurs événements étaient organisés début octobre par la BU Sciences dont ? Quand le climat se réchauffe, les éléphants s’échauffent ! ? et ? Quels bavards ces fossiles ! ?, deux ateliers à destination du public scolaire (les 7 et 8 octobre) et du grand public (le samedi 9 octobre). Au total, huit classes d’école primaire, soit 187 enfants, et 150 participantes et participants grand public ont profité de ces ateliers animés par un doctorant, une doctorante et un enseignant-chercheur de l’Université Claude Bernard Lyon 1.

expo
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L'exposition "Espèces de climat" à la BU Sciences.


Quand le climat se réchauffe, les éléphants s’échauffent !

L’atelier ? Quand le climat se réchauffe, les éléphants s’échauffent ! ? proposait d’incarner un troupeau de zèbres, un groupe d’éléphants, ou encore une troupe de lions à l'heure du changement climatique. L’objectif : faire comprendre l’impact des changements globaux induits par l’Homme.

climat
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Benjamin Guinet, doctorant au LBBE, présente au jeune public la savane africaine.
 

L’animation commence. Les enfants présents sont invités à saisir des figurines animales afin de les disposer sur une maquette représentant la savane africaine. Puis on discute des phénomènes liés à l’activité humaine. La pollution par exemple. Présentes dans l’eau de pluie, les particules polluantes vont se retrouver dans la rivière et rendre malade nos hippopotames. Un enfant récupère la carte pollution.

climat
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Les enfants interviennent directement sur la maquette.
 

? Que se passe-t-il si un village d’humains s’installe ? ? demande Lisa Nicvert, doctorante spécialisée dans la reproduction des grands herbivores africains, tout en pla?ant de petites cabanes dans le décor. Les enfants comprennent très vite que des conflits vont s’installer entre les humains et la faune sauvage. Une route est posée sur la maquette. Conséquences : une fragmentation de l’habitat des animaux et un appauvrissement génétique lié à la séparation des animaux en petits groupes.

Le public est ensuite invité à réfléchir aux solutions pour réduire l’impact de ces changements sur les populations animales. Déplacer les animaux, construire des ponts spécifiques pour permettre aux animaux de traverser la route en sécurité… : pour chaque solution trouvée, une carte à gagner. Cartes ? translocation ?, ? corridor migratoire ?… : nos scientifiques en herbe apprennent les termes techniques.

climat
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Les climatologues en herbe proposent leurs solutions.
 

Les joueurs comptent le nombre de cartes recueillies puis vient l’heure de la conclusion. Les changements globaux affectent toute la planète. Chaque écosystème, comme la savane, fonctionne avec des animaux et les changements globaux perturbent ce fonctionnement. Il est donc nécessaire de mettre en place des solutions pour minimiser l’impact de ces perturbations.
 

Quels bavards ces fossiles !

Le public a maintenant rendez-vous avec un paléontologue de Lyon 1, Gilles Escarguel. Il emmène les participants dans la région du Quercy pour découvrir une phosphatière dont les blocs d’argile contiennent de très nombreux ossements fossiles. Après une explication de la technique du tamisage permettant d’isoler les fossiles en fonction de leur taille, les apprentis paléontologues se mettent à fouiller. Entre les cailloux, ils trouvent de curieux ossements. Chacun montre sa trouvaille et demande l’avis de l’expert.

fouille
fouille

Les apprentis paléontologues entament la recherche de fossiles.

Fragment de carapace de tortue ou d’humérus de petit carnivore, canine de tigre à dent de sabre, m?choire de hamster, sans oublier de dr?le de fossiles : les coprolithes (ou crottes fossilisées).

fossile
fossile

Les enfants montrent leurs découvertes.

fossile
fossile

Le paléontogue détermine les ossements et les espèces dont il s'agit.


Mais d’autres fossiles vont attirer l’attention : des ossements d’un cousin de la vache mais de la taille d’un lapin, appelé ca?nothère, les phalanges d’un petit carnivore dont la courbure indique qu’il pouvait grimper aux arbres, ou bien encore l’humérus d’une chauve-souris au vol rapide mais incapable d’effectuer des virages serrés, et donc de voler en forêt ou dans une grotte ! Elle ne pouvait ainsi vivre que dans une prairie.

Tous ces indices réunis permettent à notre public de comprendre ce que les fossiles sont capables de raconter : il y a 32 millions d’années dans la région du Quercy, vivaient de petits ? ruminants-lapins ?, des chauves-souris de prairie, ainsi que de petits rongeurs et carnivores arboricoles. La présence de ces animaux livre de précieuses informations sur ce à quoi ressemblait le paysage à cet endroit : de vastes prairies arborées occupées par une faune de vertébrés diversifiée incluant amphibiens, tortues, lézards et serpents, oiseaux et mammifères.

Ainsi, les fossiles nous permettent de remonter le temps pour découvrir la vie et les climats anciens de notre planète.

microscope
microscope

Observation des fossiles au microscope.


L’avis des enfants !

? C’était trop génial ! ? : Pablo, 6 ans, n’était pas dé?u de ces voyages en Afrique et dans le temps.

? J’ai adoré quand je fouillais ?, exprime Pablo se souvenant de ses trouvailles : ? un os d’un petit animal, une m?choire et une dent de carnivore ?. ? Et j’ai appris qu’il y avait une vache-lapin qui vivait il y a très très longtemps… ?.

L’apprenti scientifique était aussi ravi d’avoir pu manipuler dans la savane les figurines de son animal préféré : le lion. ? J’ai appris que les lions pouvaient se séparer à cause d’une route et que les humains construisent des b?timents qui peuvent détruire les forêts ?, retient-il.

expo
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Les découvertes se poursuivent dans l'exposition "Espèces de climat".
 

L’importance du message

Au-delà de l’aspect ludique et pédagogique de ces animations réussies, l’événement ? Espèce de climats ? vise à livrer et à diffuser un message capital pour notre planète et les espèces qui y vivent.

Gilles Escarguel, enseignant-chercheur à Lyon 1 au sein du Laboratoire d'Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés (LEHNA), nous explique les objectifs de ces ateliers et plus largement ceux de la sensibilisation au changement climatique et à la biodiversité.
 

Quels sont les objectifs des ateliers de l’événement ? Espèces de climat ? ?

? Le premier est de permettre à des enfants de voir de près, de chercher, de trouver, de toucher des vrais fossiles d'êtres vivants très anciens (~33 millions d'années) ; des êtres vivants qui existaient bien avant que les humains n'existent sur Terre. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut faire cela, et il y a chez nombre d'enfants un certain émerveillement, et donc une émotion à faire cela. Montrer que de belles émotions peuvent résulter d'une recherche scientifique me semble être un premier objectif intéressant et à ne pas négliger.

Ensuite, au-delà de cette "émotion de la découverte", le second objectif est de montrer que ces fossiles racontent à qui sait les entendre et les comprendre un petit moment d'une très grande histoire : celle de la diversité de la vie sur Terre. Une histoire qui n'a pas besoin de nous pour exister, mais à laquelle nous participons néanmoins, et que nous sommes capables de restituer a posteriori, dès lors que l'on s'en donne les moyens ? la méthode scientifique.

Enfin, un troisième et dernier objectif est de réaliser à partir du constat qu'aucune des espèces fossiles retrouvées ici n'existe dans la nature actuelle, que la diversité de la vie sur Terre n'est pas stable et immuable, mais a une histoire faite d'apparitions et d'extinctions, une histoire désormais lourdement affectée par notre présence et nos activités, rejoignant ici l’objectif de l’atelier ? Quand le climat se réchauffe, les éléphants s’échauffent ! ?.

Bien entendu, tous les enfants ne réalisent pas forcément ces trois objectifs ! Cela dépend notamment de leur ?ge. Mais mon sentiment est que tous ou presque réalisent le premier, et quelques-uns parmi les plus grands (en primaire) et les plus intéressés le second. Le troisième est atteint plut?t par des collégiens ou des lycéens, à qui cet atelier est également proposé par ailleurs. ?
 

Pour quelles raisons avez-vous accepté d'animer l'atelier ?

? Parce que c'est mon métier (comme enseignant-chercheur) et mon devoir (comme fonctionnaire) de rendre compte au plus grand nombre de la nature et de la raison d'être de mon travail de recherche. Après tout, pourquoi étudier des fossiles ? Il ne s’agit pas ici de répondre à un "à quoi ?a sert ?", mais bien plut?t "qu'est-ce que ?a nous apprend, et pourquoi c'est important pour nous de le savoir ?". Parce que conna?tre ce qu'était la vie sur Terre il y a un, dix, cent millions d'années, et savoir comment cette vie a évolué au cours de ces millions d'années, c'est aussi mieux comprendre ce qu'est la vie sur Terre aujourd'hui, et partant de là mieux appréhender ce qu'elle pourrait devenir demain. ?

Vous intervenez également dans la table ronde ? Quelle biodiversité pour demain ? ?. Au travers de ces interventions, quel message souhaitez-vous faire passer au public y compris aux plus jeunes ?

? Comme paléobiologiste et macroécologue étudiant les variations géographiques et temporelles de biodiversité actuelles et passées, mon message est simple. Depuis deux siècles désormais, et singulièrement depuis les années 1950, l'humanité, d'abord occidentale et désormais à l'échelle mondiale, est entrée dans une dynamique d'extermination, d’annihilation du monde vivant auquel, pourtant, elle appartient. Nous nous sommes engagés, et avec nous l'ensemble de la biosphère, dans une nouvelle, sixième crise d'extinction de masse. Conscients de cela, il est dès lors plus que jamais urgent d'agir sérieusement, pour nous-mêmes et nos enfants, mais en réalité plus largement pour les millions d'autres espèces qui vivent avec nous sur Terre. ?
 

Crédits photographiques : Eric Le Roux / Direction de la communication Université Lyon 1


Publié le 19 octobre 2021 Mis à jour le 21 octobre 2021